Depardieu et mon rayon de lumière
Quand j’ai un coup de blues, quand je me dis que le système actuel a quelque chose qui ne va pas et que le monde du travail n’a plus rien d’attrayant, alors je pense à Depardieu qui s’est barré de la France et un rayon de lumière, de satisfaction, me traverse de part en part.
- Parce que, me dis-je, Depardieu a eu le culot de faire un bras d’honneur au système français qui critique et qui juge tout le monde sans laisser à la liberté / à la différence le droit de s’exprimer
- Parce que, me dis-je encore, Depardieu a fait un bras d’honneur à ce qu’une majorité considère comme tabou ou non-faisable : quitter le pays d’où l’on vient et ce qui va avec
- Parce que, et cela explique le rayon de joie que j’éprouve alors, Depardieu lance un brin d’espoir dans un système sclérosé, affirmant qu’on peut faire autrement et ailleurs.
Personnellement, je trouve que le bras d’honneur lancé par Depardieu tombe à pic, pile poil au bon moment.
- Au bon moment parce que la France tourne en rond
- Peine à accepter le changement
- Fait semblant de ne pas voir ce qui arrive
- Fonce droit dans le mur
Depardieu me fait rigoler, et pour ça je l’aime. Ceux qui le critiquent appuient leur argumentation sur quoi ? Sur le fait qu’il soutient Vladimir Poutine, quelqu’un qui aveugle par des richesses apparentes, masquant une population pauvre, et même vivant sous le seuil de la pauvreté.
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Ceux qui le critiquent disent que c’est une honte de qualifier la Russie de démocratie. Voilà sur quoi reposent les critiques : sur des arguments politiques. Mais c’est oublier quelque chose de capital :
Depardieu se fout de la politique dans cette histoire. Son geste, son signe, n’est pas politique même s’il s’oppose au système fiscal français. Son geste n’est ni plus ni moins :
- qu’une révolte contre la morale petite-bourgeoise française,
- contre la fatalité qu’on tente de nous inculquer,
- une révolte en faveur de la liberté de l’être humain, libre de quitter son pays, d’habiter ailleurs, avec qui il veut, où il veut, de la façon dont il veut.
Ce mec me fait rigoler parce que les politiques se retrouvent impuissants face à la volonté de l’homme pris individuellement. Le système se retrouve bien bête quand il n’a plus de bourse à assécher ni d’esprit à manipuler. C’est peut-être dans ce genre de moment que ce même système commence à se sentir obligé de changer.
L’opinion des autres
La France est le pays où l’opinion des autres a de l’importance : le français aime bien juger son voisin, critiquer sa voisine, et dénoncer le politiquement incorrect. Le problème, c’est que le français ne fait pas le poids face à la mondialisation.
Dans l’article du Monde du 04 janvier 2013, deux commentaires m’ont également bien fait marrer:
“On ne peut pas ouvrir les frontières sans arrêt et dans le même temps demander aux gens de rester bien sagement chez eux cloisonnés dans leurs chaumières… Un peu de logique les responsables pro-mondialisation !”
et :
“Les lecteurs du Monde font penser à ces familles bourgeoises conformistes qui jugeaient d’un ton grave et sourcils froncés les frasques d’un cousin débauché. Depardieu vous fait un bras d’honneur, et je trouve ça marrant.”
Depardieu se fout bien qu’on le critique et qu’on le discrédite en France. Il n’a pas besoin de l’opinion des autres, il réussit à faire sa vie sans le cinéma français par le biais d’autres business, d’autres débouchés, sur un terrain international. Ce qu’il parvient à faire, nous pouvons tous parvenir à le faire. Combien de créateurs français s’expatrient dans le monde aujourd’hui ?
- 1000 par an il y a quelques années
- Entre 5000 et 10000 par an aujourd’hui !
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© http://sayingpictures.blogspot.com/2013/01/dont-let-the-opinions-of-others-consume-you-sayings-quotes.html
Les créateurs français qui s’expatrient
On parle de Depardieu aujourd’hui, mais beaucoup d’autres partent aussi. Je pense par exemple à Mathieu Kassovitz qui l’a annoncé mardi 8 janvier 2013 sur Canal+, cf. cet article, cette-fois-ci plus impartial, d’Allocine.fr.
On peut aussi citer Alain Afflelou qui s’installe à Londres. Comme l’explique cet article du Figaro, ceux qui partent aujourd’hui ne sont pas uniquement des riches, mais au contraire des jeunes, créateurs et innovants, l’esprit aventurier, qui ne veulent pas stagner dans une France vieillissante et refusant l’avenir, mais qui préfèrent au contraire construire quelque chose dans un pays où ils se sentiront plus libres.
Extrait de l’article :
“On part, pour entreprendre, en Angleterre, en Asie, aux Etats-Unis, au Brésil et plus forcément en Belgique ou en Suisse. Les motivations sont différentes : ce n’est plus simplement l’argent ou les impôts qui poussent à s’exiler.”
C’est quand même malheureux pour un pays qui s’est longtemps vanté d’être celui des droits de l’homme, mais qui en réalité n’a pas su protéger sa propre liberté.
Dommage, les gars.
Lâchez la grappe à Depardieu.
Cessez de faire semblant de penser comme les autres.
Commentaires de l’article du Figaro
J’aime bien, pour me détendre, lire les commentaires des articles de journaux. Certains commentaires de l’article du Figaro sont bien sympathiques dans leur genre :
“Il faudrait s’interroger sur les raisons qui nous ont conduit là : à ce que des français estiment ne plus avoir de place au sein de leur propre pays. (…) Signé : un entrepreneur qui est aussi en train de faire sa valise”
Pas mal de monde parlent de faire leur valise.
Ou encore :
“Je confirme, deux de mes enfants sont partis créer des entreprises à l’étranger, l’un en Asie, l’autre en Australie. à eux deux ils ont déjà crées 42 emplois (…) Ce qui devient intolérable, c’est la haine débile et franchouillarde envers ceux qui entreprennent, réussissent et créent de la richesse.”
D’autres parlent de nivellement par le bas et d’une France qui privilégie l’assistanat. Que l’on soit d’accord ou pas, l’avenir ne vas pas tarder à lever le voile de la vérité sous nos yeux incrédules. Préparons-nous à devoir enfin nous prendre en main.